Texte de Désiré
Boulet
Dénèbe le 17 Africa année 153 ap-hyper
Chère
sur d'incubat,
J'ai bien failli rendre mon numéro au planificateur tant ma situation est devenue
dangereuse voir mortelle sur Prasse.
Comme je le craignais les clones se sont aperçus de mon expédition dans le territoire des salés et n'ont pas hésité à rompre notre traité en m'attaquant sans sommation. Mon ambassade a été encerclée et prise d'assaut par leurs forces spéciales le soir même après que je t'aie envoyé mon dernier message.
On m'en avait parlé mais je ne les avais jamais vues à l'œuvre. Ces forces sont composées de légions d'androïdes biologiques semblables à d'énormes limaces noires qui projettent un démoléculant qui dissout tous les matériaux connus. Les portes en plastométal du bâtiment ont fondues en quelques minutes comme du bio-beurre sous le soleil d'Actoume. Les lasers à plasma des défenses automatiques ont été incapables de les repousser ; les blessures occasionnées par les terribles rayons étaient instantanément cicatrisées par leur métabolisme accéléré.
Je n'ai dû mon salut qu'en m'enfuyant à bord d'une navette monoplace dissimulée sur le toit. Comme tu le sais ces engins ont une autonomie limitée, je me suis donc mis en hibernation sur une orbite elliptique afin d'attendre que le vaisseau automatique de la confédération me récupère. Ce dernier a mis six mois pour arriver ce qui explique mon long silence. Les terriens sont maintenant persona non gratta à la surface de Prasse et je soupçonne les clones de préparer quelques mauvais coups.
Lors de mon réveil j'ai été dans l'incapacité de contacter les salés comme j'en avais l'intention. Une intense activité d'intercepteurs sur les orbites basses empêchaient toute approche ; même mes nano-sondes furtives ont été repérées et détruites dès leur arrivée dans l'atmosphère de la planète. J'ai donc décidé de rejoindre Dénèbe afin de découvrir cette nouvelle civilisation et d'y attendre les ordres de la fédération.
Voici maintenant deux cycles que je suis arrivé et Zalic ne m'avait pas menti. Mis à part une pesanteur difficile à supporter pour un Terrien, les Dénébiens sont accueillants et bienveillants à mon égard malgré la triste nouvelle dont je suis porteur. Lors de ma fuite j'ai survolé l'ambassade Dénébienne et j'ai constaté avec effroi que les limaces attaquaient également ses bâtiments. Je n'ai pas vu Zalic mais je ne me fais aucune illusion sur son sort ; l'acide des limaces avait pratiquement déjà tout rongé et il ne subsistait que quelques pans de murs de l'édifice.
Demain je rencontre le représentant du peuple, c'est ainsi qu'ils nomment leur dirigeant suprême. Je dois lui faire un rapport précis sur les événements tragiques dont j'ai été le témoin. J'ignore si les Dénébiens vont entrer en guerre contre les clones car ce peuple est pacifique depuis plus de mille ans et condamne toute forme de violence. Par contre la fédération Solarienne n'a pas les mêmes principes et amasse actuellement une flotte de guerre à un parsec de Prasse dans un secteur tenu secret.
J'espère que l'armement choisi épargnera les salés comme je l'ai vivement recommandé à l'état major. Une fois que tout sera terminé et que ces robots incontrôlés auront été neutralisés, je retournerai sur Prasse pour rencontrer les vrais Prassiens. Leur histoire me fascine et plus encore leurs mystérieux ancêtres qui n'ont laissé que peu d'indices si ce n'est la vie sur cette planète océane.
Que Sol rayonne pour toi.
Mont-esquieux
Encore Ambassadeur plénipo de Prasse